Quelques mois après le début de la crise du Covid-19, tout a été lu sur le fameux « monde d’après », celui de la sortie du confinement et de la reprise économique. Dans les entreprises, force est de constater que la crise a profondément modifié les pratiques, et que managers et équipes ont dû s’adapter en un temps record. Qu’en est-il aujourd’hui ? Les qualités managériales indispensables de demain sont-elles vraiment différentes de celles d’hier ?
La théorie de l’effectuation du professeur Saras D. Sarasvathy est plus que jamais d’actualité. Cette approche comportementaliste du management part du principe que les décideurs sont plus à même d’avancer et d’innover à partir du moment où ils intègrent deux paramètres. Le premier est de tirer parti de l’adversité, des surprises, en ce qu’elles ne dépendent pas de nous et sont des contraintes avec lesquelles il faudra composer quoi qu’il arrive. La seconde est de tout simplement essayer de faire avec ce que l’on a. Chercher des ressources hypothétiques est le moyen le plus simple de décaler l’action. Ces derniers mois, notre capacité à réagir vite et à nous adapter a été mise à rude épreuve. Et il semble que cela soit parti pour durer. Aujourd’hui et demain, les managers vont devoir composer avec l’existant, et être en mesure d’adapter l’organisation de leurs équipes et de leurs projets aux événements extérieurs.
Au fur et à mesure de l’émergence de règlementations pour lutter contre la propagation du virus, à l’annonce du confinement, et dans toutes les situations difficiles à prévoir, les entreprises ont dû et ont su s’adapter. Les circonstances ont fragilisé les équipes et certaines qualités managériales – dont les soft skills – ont montré toute leur importance. Lorsqu’un environnement est bouleversé, les seules compétences techniques ne suffisent pas. Intelligence émotionnelle, empathie, écoute, sens du collectif sont essentiels pour accompagner les individus et leur permettre de continuer à s’épanouir professionnellement malgré le contexte. La crise a également prouvé à de nombreux managers encore un peu réticents, que leurs équipes étaient responsables et prêtes à travailler à distance sans qu’il ne soit nécessaire d’être dans un contrôle strict du travail accompli. Sur ce point, la crise de la Covid-19, en généralisant le travail distant, se révèle un accélérateur puissant de la mobilité en entreprise. Ces circonstances particulières ont aussi souligné l’importance de préserver du lien social même à distance, et de renforcer la cohésion d’équipe. Encore plus nécessaire en temps de crise, l’agilité doit être impulsée de manière positive par le management pour que les équipes puissent traverser la période sereinement.
Le travail doit être porteur de sens pour chacun. Cette affirmation est d’autant plus vraie en temps de crise, quand l’incertitude est reine et que les individus ne peuvent se projeter. Dès lors, le management se doit de faire émerger le potentiel d’adaptabilité des collaborateurs, et de les accompagner dans la responsabilité et l’autonomie. Il est essentiel que les acteurs du management le gardent en tête : la pluralité des réactions émotionnelles face à un contexte de crise fait la richesse du capital humain d’une entreprise, et participe à sa capacité de rebond.